EGLISE ORTHODOXE logo du diocèsePATRIARCAT de MOSCOU

DIOCESE DE CHERSONESE
HISTOIRE
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LA FONDATION DE LA PAROISSE DES TROIS SAINTS HIÉRARQUES :
les fondements théologiques et spirituels du retour à l’Icône.

Saint Grégoire

        « En 1928-1929, la Confrérie prit part à l’organisation d’une paroisse française, paroisse de rite oriental il est vrai, mais qui joua son rôle dans l’œuvre de l’Orthodoxie occidentale, ne fut-ce que par l’intérêt qu’elle suscitait dans les milieux ecclésiastiques russes de la diaspora pour la mission orthodoxe en France (Paris, Nice , Strasbourg), consacrée à l’Orthodoxie occidentale. A maintes reprises, nous avons proclamé que le premier devoir religieux de l’émigration russe est la mission parmi les peuples de l’Occident. Telle était aussi la pensée du Béatissime Serge de Moscou, exprimée dans son décret aux évêques Russes de Karlowtsy.

        « En 1930-1931, au moment de la séparation du Métropolite Euloge de l’Eglise de Russie, lorsque les questions canoniques passèrent au premier plan, une définition canonique pour l’Orthodoxie Occidentale à venir devint nécessaire. Elle fut formulée, en termes généraux, de la manière suivante : Le territoire ecclésiastique d’Occident, comme tel, appartient au Patriarcat de Rome. Donc, aucune des Eglises locales d’Orient, ni celle de Constantinople ni celle de Russie, ne peut s’approprier ce territoire en y fondant des diocèses nouveaux (par exemple : diocèse de Paris, de Rome, etc…) Une Eglise locale d’Occident ne pourra naître que sur le sol même de l’Occident, comme résultat d’une mission, d’une restauration de l’Orthodoxie Occidentale avec ses traditions, son rite, sa spiritualité, le culte de ses saints locaux. Ce but, qui ne sera réalisé probablement, que par les générations futures, exige une collaboration des Orthodoxes de nationalités différentes, résidant en France et gouvernés par les Exarques légitimes de leurs Eglises Mères. Encore une fois, cette formule se trouve dans la ligne de la pensée du Métropolite Serge de Moscou qui, tout en réfutant les prétentions du Métropolite Euloge , se basait sur le même principe : impossibilité pour une Eglise locale d’Orient de fonder un diocèse normal sur l’ancien territoire du Patriarcat de Rome .

        « En 1932, au congrès de la Confrérie réuni à Monfort, (…) fut présenté un appel aux Orthodoxes de la diaspora pour s’unir dans la grande œuvre de restauration de l’Orthodoxie Occidentale… »

        Le « Domaine saint Irénée », fondé en Janvier 1926, avec Eugraphe Kovalevsky à sa tête à partir de 1927, commencera l’élaboration de textes liturgiques orthodoxes à partir des textes occidentaux. Une « Commission de France », en revanche, se chargera alors exclusivement de la traduction des textes orientaux en français.

        Bien que très éloigné de toute « propagande orthodoxe auprès des Français  » et ayant pour seul souci « les Russes dénationalisés », voyant que les textes slavons devenaient progressivement incompréhensibles aux enfants émigrés, le métropolite Euloge donna sa bénédiction à la création d’une paroisse de langue française dans un but strictement pastoral. Ce qui fut fait le 3 Octobre 1927, avec la bienveillance des professeurs de l’Institut Saint Serge, favorables, autour du Père Serge Boulgakov, à tout ce qui pouvait favoriser le dialogue oecuménique. Une première liturgie fut célébrée en langue française le 11 Novembre, fête de Saint Martin. La paroisse regroupait alors 41 français  mais n’avait ni local ni prêtre attitré.

         C’est le Père Lev Gillet, bénédictin reçu dans l’Eglise par simple concélébration le 25 Mai 1928, qui va collaborer avec la Confrérie, en tant que premier prêtre Orthodoxe de langue Française, et sera nommé recteur de la paroisse « de la Transfiguration et de Sainte Geneviève » le 26 Novembre 1928. Dans le manifeste publié en Janvier 1929, dans le premier numéro du bulletin la Voie, il donnera une bonne expression de la  position générale de la Confrérie:

        « Si nous relevons de son Eminence le Métropolite Euloge, ce n’est pas tant qu’il est le chef des Orthodoxes russes de l’Europe occidentale, mais, (conformément aux canons) en tant qu’il est l’évêque le plus proche de notre communauté naissante. Il est possible, il est même normal, que l’Orthodoxie française, lorsqu’elle aura atteint un certain stade de développement, devienne autonome. Et comme l’Orthodoxie n’est pas byzantine ou slave, mais universelle, il appartient aux Orthodoxes Occidentaux de créer un type d’Orthodoxie propre à l’Occident qui, par un retour aux sources traditionnelles locales, pourra sur certains points différer notablement du type oriental. (…) Français de nationalité ou de langue, nous nous sentons liés à l’ancienne tradition « orthodoxe » de la France, à la France « très chrétienne » des siècles où l’Orient et l’Occident n’étaient pas séparés. Saint Irénée (qui fut le trait d’union entre l’orient et l’occident), les martyrs de Lyon et de Vienne, Saint Denys, Saint Martin de Tours, Sainte Geneviève : tels sont quelques uns des grands noms auxquels nous voulons nous rattacher. Mais nous ne nous sentirons étrangers ni à Saint Louis ni à Jeanne d’Arc, ni à Pascal. Et tout ce que le cœur français et l’intelligence française d’aujourd’hui créent de bon et de grand nous voulons aussi le sentir nôtre, le consacrer au Christ, le faire orthodoxe. (…) Nous devons tendre à ce que, aux yeux de ceux qui découvrent en nous l’Orthodoxie, ce mot devienne synonyme de deux grandes choses : croire en Jésus-Christ, vivre en Jésus-Christ.  »

        En 1929, le premier laïc français est ordonné prêtre, le père Georges Jouanny.

        « En plus de l’essor de l’Orthodoxie française, l’année 1929 est marquée par la réunion de la Confrérie, le jour de St Léon pape de Rome, aux fins de discuter des questions de l’Orthodoxie Occidentale. Trois liturgies sont célébrées ce jour là, dans l’église confrériale (à St Cloud): la romaine, la gallicane, selon le texte de Vladimir Guétté approuvé par le Saint Synode en 1875, et la liturgie de Saint Jean Chrysostome en latin ; la confrérie étudie les questions dogmatiques, (…) canoniques, (…) liturgiques : on constate que pour développer la renaissance de l’Orthodoxie en Occident, il faut adopter, d’une part une intransigeance absolue sur le plan dogmatique, et, d’autre part, sur le plan liturgique, prévoir la réalisation de traditions pleinement occidentales.  »

        Cette « intransigeance absolue sur le plan dogmatique » fut également l’attitude du Père Georges Florowsky , aussi bien dans le travail accompli à Paris à l’institut Saint Serge que dans sa participation au « Fellowship Saint Alban et Saint Serge », et s’avéra, associée à la grande ouverture du métropolite Antoine Bloom, d’une singulière efficacité œcuménique et spirituelle. La France en revanche fut livrée à la politique de compromis systématique sur le plan dogmatique du Père Serge Boulgakov, ce qui accrut la situation actuelle de morcellement spirituel entre les juridictions orthodoxes, ainsi qu’à l’intérieur même des juridictions entre certaines paroisses, parfois plus éloignées les unes des autres que les différentes confessions chrétiennes elles-mêmes .

        Cette fidélité à l’Orthodoxie patristique, c’est-à-dire à la Tradition vivante, cet « amour de la Vérité», est qualifié de nos jours par certains d’ « intégrisme  » . Ce qualificatif est tout à fait anachronique et n’avait aucun sens à l’époque. Il y avait alors, d’un côté, des Orthodoxes russes qui ne s’intéressaient qu’aux Russes et considéraient l’Orthodoxie comme une question purement nationale : un Français était Catholique par définition, un Russe Orthodoxe par définition, toutes théologies équivalentes – aussi dans un mouvement comme l’ACER, par exemple, qui avait toutes les qualités sauf celle de s’intéresser aux Occidentaux et en particulier aux Français, les Russes participaient-ils, sans s’interroger plus avant, aux mouvements oecuméniques. D’un autre côté, il y avait ceux qui se souciaient des Occidentaux et s’intéressaient, d’un point de vue spirituel, à la culture et à la religiosité occidentale. Ceux-ci, c’est-à-dire alors les quelques membres de la Confrérie Saint Photius , désiraient faire connaître la richesse de l’Orthodoxie. Ils désiraient partager le Christianisme dans sa plénitude avec tous ceux qui en étaient privés depuis le schisme de 1054 et, bien avant encore, par la domination de la théologie augustinienne en Occident.

         « Le 11 Novembre 1930, fête de St Martin de Tours, une grande victoire d’un caractère symbolique est remportée en l’église cathédrale St Alexandre Nievsky : une liturgie est célébrée en français par le Métropolite Euloge et 4 prêtres français. L’église est remplie de Français Orthodoxes ou proches de l’Orthodoxie  ».

        Hélas les conséquences du  drame vécu par la Russie allaient bouleverser les progrès de cette entreprise.


 
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27/08/2003